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« Je travaille pour vivre et pour être indépendant, pas pour être riche >>. Olivier Lucas, 24 ans le deviendra sans doute, malgré lui, grâce à la qualité de son travail. Installé à Solliès-Pont comme artisan depuis un peu plus de trois ans, le jeune homme qui vous regarde droit dans les yeux quand il s'exprime, a donné à son entreprise (1) un développement sortant de l'ordinaire.

Sa sagesse s'exerce sur ses factures. Elle se développe dans ses devis. Un sur deux est accepté. « Je sais que c'est la crise. Je vis avec elle depuis que je me suis installé ». Aussi il en tient compte quand il présente sa note, quand il réalise des investissements, quand il gère sa trésorerie.

Cette sagesse se traduit dans son chiffre d'affaires qui a atteint 180 000 € pour son troisième exercice d'activités (1 juillet 2011 - 20 juin 2012), après deux années à 50 000 € chacune de revenus.

Mais reprenons depuis le début.

A 17 ans, le jeune Toulonnais Olivier Lucas obtient son CAP de plomberie, à 18 ans, il décroche son brevet professionnel de chauf- fagiste. A 20 ans, il abandonne les cours du Centre de formation d'apprentis de La Grande Tourrache à La Garde, cours qui devaient lui ouvrir les portes d'un bac professionnel en plomberie. « Je préférais être sur les chantiers que d'être assis pendant deux heures dans une salle de cours», affirme-t-il.

Sec comme un sarment de vigne, il est aisé de comprendre que dans l'apprentissage, le jeune homme préférait les trois semaines en entreprise, à la semaine enfermée dans des classes.

Son passage en entreprise l'amène, très

souvent, à se retrouver seul chez des clients de ses patrons. Plusieurs, satisfaits de son inter- vention, << me disaient, il faudra vous mettre à votre compte. A cette époque, je n'y pensais pas ». Le déclic est venu le jour où une femme, travaillant dans une banque, «< m'a conseille d'aller voir mon agence bancaire, le Crédit Agricole de Cuers. J'ai été reçu par un chargé de clientèle qui m'a demandé mon prévisionnel quand je l'ai sollicité pour un prêt pour acheter du matériel. Bien entendu, je n'en avais pas. Il m'a conseillé d'aller voir Var Initiative », la plate- forme d'initiative locale présidée par Thierry Tassery et dirigée par Mélanie Houeix. Var Initiative l'aide pour calculer ses marges, établir son tarif horaire... et réaliser un budget prévisionnel.

<< Maître d'apprentissage >>

«En quatre mois, mon dossier est traité. Var Initiative m'accorde un prêt d'honneur de 3 600 €. Le Crédit Agricole me prête 7 000 €. J'ai apporté 3 500 € en nature, un vieux break, dont j'ai changé le moteur, qui appartenait à mes parents ».

Le travail montre vite le bout de son nez, grâce à ses connaissances, à celles de ses parents. Le bouche à oreille fait ensuite son ouvrage. << Des gens m'ont conseillé de déposer ma carte chez des architectes, des syndics... >> Au départ, Olivier Lucas mène des opérations de maintenance et de rénovation. Sans être exceptionnelles, ses deux premières années d'activités lui permettent de vivre.

Puis, travaillant toujours seul, à partir de juillet 2011, les sollicitations se font plus nombreuses. Il réalise des rénovations impor- tantes dans des logements, effectue l'instal- lation de plomberie et de chauffage dans des villas en construction, le propriétaire de deux immeubles lui demande d'en assurer la main- tenance...

Aussi, fort de ses trois années d'expérience, en novembre 2011, l'ancien apprenti décide de devenir << maître d'apprentissage >>.

« J'ai appelé le CFA, où j'ai fait mes études. J'ai rencontré un apprenti de 22 ans avec lequel, j'ai parlé pendant plus de deux heures, du métier et de bien d'autres choses. Le métier est important, mais il n'est pas tout».

Son apprenti ayant obtenu son CAP de chauf- fagiste, Olivier Lucas a renouvelé son contrat pour deux ans, pour lui faire passer son brevet professionnel en plomberie.

« Il est toujours avec moi, parfois il commence un chantier quand je dois effectuer des achats. Il est très sérieux. Le but, pour moi, est de le garder quand il aura obtenu son diplôme». Intervenant dans tout le département du Var, le jeune artisan qui voudrait développer une activité d'électricité envisage, d'ici un an, d'embaucher un spécialiste.

Celui qui a doublé son parc de matériels, qui dispose d'une trésorerie saine ne veut pas brûler les étapes. Celui qui va être bientôt père garde les pieds sur terre et affirme «< il n'y a pas à se plaindre ». Aussi, pour lui, l'avenir, « ce sera suivant le potentiel du marché ». Chez certains, la sagesse n'attend pas de nombreuses années pour éclore.

Philippe Issalis